Des travaux de menuiserie pour contrer l'isolement chez les hommes, surtout chez les hommes âgés? Oui! Il s'agit bel et bien d'une réalité! L'initiative, baptisée «Men's Shed» a pris naissance il y a 20 ans dans les régions rurales du sud de l'Australie. Depuis, le mouvement a « fait des petits ». En effet, on compte actuellement 1 400 hangars pour hommes à travers le monde, dont quelques-uns au Canada et au Québec.
Mais, qu'est-ce au juste que ce « Men's Shed », connu en français sous l'appellation « Hangar pour hommes »? Il s'agit en fait d'un groupe de soutien communautaire pour les hommes, principalement plus âgés, qui ne se sentent pas à l'aise dans des groupes de soutien communautaire traditionnels souvent axés sur les « discussions et échanges en rond ».
Dans ces hangars, les usagers s'occupent à des travaux de menuiserie ou d'horticulture.
« L'objectif poursuivi est de réduire l'isolement des hommes et de les mettre en contact avec des intervenants qui peuvent détecter des problèmes de santé physique ou psychologique avant qu'ils ne dégénèrent » affirme John Oliffe, professeur à l'Université de Colombie-Britannique. « Les hangars pour hommes offrent aussi une forme de thérapie, puisque le fait de manier des outils, de mener à bien une tâche manuelle représente une stratégie toute masculine pour réduire le stress » poursuit M. Oliffe
En Australie, ce sont davantage des retraités qui ont recours au « Men's Shed » alors qu'en Irlande, ce sont plus des chômeurs. Toutefois, on voit maintenant apparaître une version destinée aux jeunes décrocheurs, surtout ceux ayant grandi sans leur père. Ces jeunes sont jumelés avec des hommes âgés qui leur apprennent les rudiments de la menuiserie.
Et le Québec n'échappe pas à la vague australienne. Quatre projets distincts ont pris forme respectivement à Montréal, à Rivière-du-Loup, à Baie-Comeau et à Saguenay, dès l'automne prochain. Ce dernier projet, « Homme Atout » est celui de Dominic Bizot de l'Université du Québec à Chicoutimi. Deux conteneurs dont un abrite un établi seront installés deux semaines à la fois dans divers endroits de la région. Les projets revêtent donc une couleur régionale, en fonction des ressources disponibles et des besoins à combler.
Une seule embûche à l'expansion du mouvement « Men's Shed » au Canada, la question des assurances en cas de blessures occasionnées par les outils qui sont manipulés dans les hangars. Toutefois, devant les succès d'une telle initiative, il ne reste qu'à espérer que quelqu'un, quelque part, trouve LA solution…
http://www.mensshed.org/what-is-a-men's-shed
Céline Thibault
Chroniqueuse